Maternité et pression sociale : quand le rôle de mère devient un défi invisible
Il était une fois une petite "fille"[1]…
Il était une fois une petite "fille" qui, parce qu’elle est une petite "fille", a reçu une poupée à Noël et a appris à prendre soin des autres.
Parce qu’elle a appris à prendre soin des autres, naturellement elle prend soin de sa poupée et imite sa maman en essayant des gestes.
Elle devient de plus en plus assurée dans ses gestes et un jour, jouer à la poupée n’est plus seulement un jeu : elle se sent “maman” pour cette poupée qu’elle chérit.
Cette petite fille est une représentation de ce que l’on attend encore des "filles/“femmes”, dans notre société et une illustration du conditionnement que celles-ci peuvent intégrer.
Introduction
A l’aube de la relance de la natalité[2], il m’a semblé important, en tant que psychologue spécialisée dans l’accompagnement de la “femme”, de mettre en lumière ce qui se joue pour la femme dans le cadre de la maternité.
Vous trouverez dans cet article :
- Un état des lieux des enjeux, sociaux et sociétaux, qui bordent la maternité et l’origine de ces mécanismes.
- Une mise en avant du désir et besoin plus qu’urgent des femmes d’être écoutées, prises en considération et accompagnées dans leur cheminement vers le statut de sujet - égal de l’homme.
- La mise en avant d’une corrélation entre vécus de femmes vis-à-vis de la maternité et répercussions au niveau psychique, relationnel, et de l’image et l’estime de soi.
La maternité, une panacée ?
Les femmes sont souvent tiraillées entre leur “devoir”/envie de maternité et leur besoin d’être considérées comme un sujet.
Et lorsqu'on leur demande comment elles se sentent dans leur maternité, on note qu’elle se sentent souvent :
- Obligées d’envisager la maternité
- Jugées négativement pour ce qu’elles (ne) font (pas), ressentent, disent, souhaitent, décident… ;
- Incomprises, déconsidérées, dépréciées, discréditées,
- Abandonnées, ignorées, négligées.
Comme en témoignent ces propos (recueillis par mes soins)
- « On m’a dit que je ne serais jamais vraiment une femme si je n'enfante pas»
- « Quel autre plan de vie je pourrais avoir que de faire un enfant? »
- « Pendant le parcours PMA, mon conjoint m'a fait me sentir nulle et inutile en ne me soutenant pas».
- « Dans mes débuts de maternité, je me suis retrouvée seule pour m’occuper du bébé, Monsieur ayant besoin de digérer »
- « Mon conjoint pense que l'on fonctionne à égalité mais j’ai tout de même l’impression que je dois penser seule à tout un tas de trucs… . »
- « On me regarde avec des yeux accusateurs lorsque je dis que j'ai besoin de temps sans mes enfants »
- « Mes enfants sont devenus ma priorité et j'ai du mal à m'en séparer. On m'a dit que mon mari devrait rester une priorité pour moi. »
- « Souvent, on ne s’intéresse qu’à mon mari et à son travail. Comme si, par
ce que je ne travaille plus en ce moment, j’étais devenue dénuée d’intérêt. »
- « Mon mari est souvent encensé parce qu'il s'occupe de nos enfants, comme si c’était un exploit. Quand je fais la même chose c’est considéré comme une chose banale.»
- « On s'inquiète parce qu'en ce moment, mon mari prend plus en charge les enfants que moi, en plus des tâches ménagères et du jardin qu'il gère pour 60%. Cela m’a étonnée parce que quand ce sont les femmes qui font cela, on ne s’inquiète pas pour elles.»
- Pensez à me consulter si vous voulez :
- Réfléchir à propos de la condition de la "femme", du sentiment d'un "devoir de maternité" (souvent influencé par l'environnement sociétal, culturel et/ou familial)
- Recevoir :
-> Un soutien au cours d'épreuves et de parcours difficiles (PMA, baby-blues, dépression post-partum, maternité solo...)
-> Une aide pour prendre de la distance par rapport à la charge mentale et s'autoriser à demander, voire revendiquer de l'équité
-> Un accueil des différents ressentis qui accompagnent la maternité (besoin de liberté, d'épanouissement personnel, séparation difficile, sentiment de ne plus exister...)
-> Une écoute des éventuels ressentiments concernant la différence de traitement entre les hommes et les femmes (dans le cadre de la parentalité, entre autre).
Le sort de la maternité
Au regard de ces propos, on peut ainsi percevoir différents enjeux (sociétaux et sociaux) qui bordent la maternité :
- Une certaine pression est orchestrée à l’encontre des femmes pour qu’elles envisagent la maternité (en insinuant que sans cela, elle ne seront pas vraiment des femmes et/ou inutiles pour la société) ;
- La préoccupation parentale est quasiment systématiquement octroyée aux femmes (alors qu’aujourd’hui, la plupart des femmes travaillent autant que leur conjoint) ;
- L’incompréhension de certains choix et ressentis qui découlent de la maternité est souvent le lot quotidien des femmes.
- Le travail et la prospérité sont souvent mis en avant et être “mères au foyer” revient à être déconsidéré
- Des différences de traitement (plus qu'évidentes) entre les femmes et les hommes quand ceux-ci prennent part à la préoccupation parentale sont monnaie courante
Comme si…
La société (de manière générale)
- Restait attachée à son héritage patriarcal : il y a peu, les femmes ne pouvaient ni travailler ni gérer leurs finances librement, et certaines habitudes persistent ;
- Résistait aux progrès rapides des femmes (comme dans tout changement majeur qui bouscule les normes) ;
- N’était pas encore prête à accompagner pleinement l'émancipation des femmes : inégalités parentales et salariales, carrières féminines moins valorisées, plafond de verre…
Les hommes :
- Pouvaient se sentir menacés ou déstabilisés par l’émancipation des femmes, craignant de perdre leur place ou leurs repères traditionnels
- Traversaient une période de redéfinition de rôles, ce qui peut provoquer résistance et/ou insécurité.
Les femmes :
- Ne se sentaient pas toujours légitimes pour réclamer une égalité réelle, notamment autour de la parentalité, en raison du conditionnement et des attentes sociales.
- Se retrouvaient parfois perdues face à la redéfinition de l'identité féminine, ce qui peut les amener à questionner — ou critiquer — les choix de leurs congénères.
- Pouvaient envier la liberté que d’autres femmes s’autorisent, et exprimer ce malaise à travers le jugement
Ce que veulent les femmes…
En définitive, au regard du défi que représente la maternité, les femmes semblent vouloir :
- Qu’on valide leurs ressentis, leur propose du soutien (quand elles vivent une période difficile)
- Que l’on incrimine pas systématiquement leurs explosions et “démissions” à une sensibilité particulière/leurs menstruations
- Que leur partenaire de vie prenne part, à la même hauteur qu’elles, à la préoccupation parentale (VS considérer qu’il/elle est plus difficilement remplaçable au travail) puisqu’elles participent elles aussi à l’économie du foyer et plus généralement de la société ;
- Qu’on les considère comme des sujets, capables de faire des choix éclairés et de prendre des décisions réfléchies, au même titre que les hommes, lesquels (à l’inverse des femmes) :
- Peuvent décider de ne pas avoir un enfant sans que cela soit questionné/jugé négativement ;
- Sont encensés lorsqu’ils s’occupent de leurs enfants
- Sont compris lorsqu’ils disent qu’ils ont besoin de prendre du temps pour eux et sont même encouragés à le faire ;
- Sont plaints/questionnés sur leur ressenti lorsqu’ils subissent les conséquences de la charge matérielle et mentale de la paternité.
- Peuvent décider de ne pas avoir un enfant sans que cela soit questionné/jugé négativement ;
Comment vous sentez-vous dans votre (non) maternité ?
- Vous rencontrez des freins/obstacles dans votre maternité ou vos choix de vie,
- Vous vous sentez dépassée, débordée et vous ne vous sentez pas assez soutenue,
- Vous vous sentez critiquée, jugée par votre entourage (personnel, familial, professionnel),
- Vous n’êtes pas certaine de vouloir un enfant
Et vous avez besoin d’en parler ?
En tant que professionnelle
de l'écoute et l'accompagnement
- Je suis extérieur à votre cercle de personnes proches
- J’ai acquis la capacité à observer et analyser les enjeux et origines possibles de certains processus
Je peux par mon écoute :
-> Bienveillante,
-> Personnalisée,
-> Dénuée de jugement/de critique/de revendication
-> Objective (puisque je ne suis pas directement impliqué dans votre histoire)
Vous permettre :
- De déposer vos difficultés et ressentiments ;
- De faire un pas de côté par rapport à ce que vous vivez et d’amorcer d’autres angles de vue (et par conséquent vous éviter de vous enliser dans la situation qui pose problème)
- De découvrir des ressources insoupçonnées au fond de vous et vous sentir légitime d’initier des demandes, d’exprimer des besoins
- (Re)trouver un apaisement, une liberté, une harmonie, un équilibre, une homéostasie (dans votre vie personnelle, professionnelle, de couple) ;
Je vous retrouve bientôt autour d’un café dans mon cabinet et/ou en visio ?
Restez alertes, d’autres articles sur le thème de la maternité arriveront prochainement
(1) Les guillemets sont là pour mettre en avant le fait que le mot “fille” est utilisé communément pour définir un enfant né avec un appareil génital féminin. A différencier de l’identité de genre qui représente le fait de se sentir fille, que l’on aie ou non un appareil génital féminin.
(2) Pour en savoir plus concernant le plan de relance de la natalité : https://www.info.gouv.fr/actualite/naissance-soutenir-la-parentalite-pour-relancer-la-natalite ↑
